Depuis trois ans, les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo sont sous état de siège, instauré par le chef de l’État dans le but de maîtriser un conflit armé qui dure depuis des décennies. Le 16 septembre 2024, à la rentrée parlementaire, les députés congolais ont de nouveau voté pour proroger cette mesure exceptionnelle, un acte qui suscite de vives réactions, notamment parmi les élus des provinces concernées.
Fraîchement revenus de vacances parlementaires, ces députés expriment leur frustration face à l’absence de résultats tangibles pour la population. Ils estiment que l’état de siège, loin d’apporter la paix, aggrave les tensions et ne répond pas aux attentes des citoyens, de plus en plus indignes de cette situation. Lors d’une récente interview, le caucus a annoncé sa volonté de boycotter les plénières à venir, choisissant plutôt de retourner dans leurs circonscriptions pour écouter et partager les préoccupations de leurs électeurs.
Alain Nzeza, président fédéral du parti ADES et membre de l’Union sacrée de la nation, a été interrogé sur cette situation. Il a salué l’initiative du caucus tout en soulignant les limites de leur approche. « Ce n’est pas la première fois que nos députés le font. La dernière fois, ils ont boycotté les plénières sans résultats probants. Je pense qu’il serait plus efficace de former une délégation pour dialoguer directement avec le chef de l’État sur la nécessité de lever cet état de siège, » a-t-il déclaré. Nzeza met en garde contre l’inefficacité d’une telle action, notant que même un boycott de 90 députés sur 500 n’apporterait pas de changement significatif.
Les attentes de la population restent élevées. Dans le Nord-Kivu et l’Ituri, de nombreux Congolais aspirent à un retour durable à la paix, un objectif que l’état de siège n’a pas réussi à atteindre. Des rapports d’organisations de défense des droits humains soulignent également les limites de cette mesure en matière de gouvernance et de protection des droits des citoyens.
Alors que la situation demeure tendue, la question se pose : comment les représentants du peuple peuvent-ils mieux défendre les intérêts de leurs électeurs face à une crise qui perdure ? Un dialogue constructif et des initiatives concrètes semblent être des pistes nécessaires pour répondre aux aspirations des Congolais de l’Est.
La rédaction