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Festival Amani à Goma: Entre soutien populaire et tensions sécuritaires, quelle est la meilleure réponse pour la paix ? (Confrontation d’idées)

L’annulation du Festival Amani, prévu à Goma du 15 au 17 novembre, a suscité des réactions contrastées au sein de la population et des autorités locales. Tandis que la décision du maire de la ville, Faustin Kapend Kamand, est saluée par certains comme une mesure responsable face à la situation sécuritaire, elle est vivement contestée par d’autres, notamment les organisateurs du festival et leurs partisans.

D’un côté sur les réseaux sociaux, de nombreux habitants de Goma, une ville durement affectée par le conflit avec l’armée rwandaise (RDF/M23), applaudissent la décision. Pour eux, l’annulation du festival, à la fois un événement culturel majeur et un enjeu économique, est perçue comme une mesure prudente, voire salvatrice, dans un contexte de guerre et d’instabilité. Ces voix soulignent que, dans un environnement aussi fragile, organiser un grand rassemblement pourrait exposer la ville à des risques accrus, notamment à cause de la proximité de lieux de violence et de tension, comme les sites des naufrages récents du Bateau Merdi sur le lac Kivu. De plus, la ville abrite des millions de déplacés qui, selon certains, ne pourraient pas comprendre la tenue d’un festival en pleine crise humanitaire. Une partie de la population évoque même un risque de manipulation de la situation par des ennemis extérieurs, qui pourraient profiter de l’événement pour semer la terreur.

D’un autre côté, les organisateurs du festival et certains de ses soutiens s’opposent fermement à l’annulation, arguant que le festival Amani est un vecteur important de paix et de cohésion sociale. Ils rappellent que cet événement attire chaque année des milliers de visiteurs, tout en offrant une plateforme aux artistes locaux et aux jeunes talents. Ils soulignent également l’importance de maintenir des activités culturelles même en période de crise, estimant qu’elles sont essentielles pour remonter le moral de la population et renforcer l’identité collective face aux épreuves. De plus, l’annulation du festival causerait des pertes financières importantes et nuirait à l’image de Goma, déjà éprouvée par la guerre.

Un argument supplémentaire, avancé par certains détracteurs de la décision, fait état de l’incohérence de la politique des autorités locales. Ces derniers pointent du doigt les événements similaires autorisés en parallèle, comme les concerts de grandes stars congolaises à Goma pendant la même période, et s’interrogent sur le double standard qui semble prévaloir. Selon eux, interdire le Festival Amani tout en permettant d’autres rassemblements de grande envergure est perçu comme une décision délibérément politique et non fondée sur des critères de sécurité objectifs.

Au cœur de ce débat dans plusieurs groupes WhatsApp locaux, se pose la question de savoir si un festival culturel peut réellement contribuer à la paix en période de guerre. Pour certains, l’idée même d’organiser un tel événement en pleine crise semble déplacée, comparant la situation à celle d’autres pays en guerre où la priorité est donnée à la résistance et à la reconstruction, plutôt qu’à la célébration. D’autres, au contraire, soulignent que des moments de convivialité et de partage sont nécessaires pour reconstruire la solidarité et la résilience des populations touchées par le conflit.

Enfin, une partie de la population regrette que cette controverse occulte les vrais problèmes de sécurité et de gouvernance. Ils appellent à une mobilisation plus large pour la paix, en demandant aux autorités congolaises d’agir plus fermement contre les agresseurs et de mettre en place des stratégies concrètes pour rétablir l’ordre et la sécurité sur le terrain.

L’annulation du Festival Amani à Goma soulève de nombreuses interrogations sur la manière de concilier sécurité et culture dans un contexte de guerre. Les divergences d’opinion sur cette question reflètent la complexité de la situation dans l’est de la République Démocratique du Congo. Le véritable défi pour les autorités et la population sera de trouver des solutions équilibrées qui respectent à la fois les impératifs sécuritaires et le besoin de maintenir une dynamique sociale et culturelle essentielle à la reconstruction du tissu social.

Kaleru Samuel à Goma

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