
La Société Civile du Congo, coordination urbaine de Butembo (SOCICO), tire la sonnette d’alarme face à la dégradation inquiétante de la situation sécuritaire dans la ville. Dans son rapport de monitoring couvrant la période du 2 août au 2 novembre 2025, la SOCICO dresse un bilan sombre marqué par 30 pertes en vies humaines, plusieurs cas d’incursions d’hommes armés, d’assassinats et d’incendies d’habitations.
Selon ce rapport, la commune de Bulengera est la plus touchée, concentrant à elle seule 24 cas de décès et une dizaine d’incursions de bandits armés.
La SOCICO note également 6 maisons incendiées par des actes de justice populaire et 9 cas d’incursions d’hommes armés ayant souvent entraîné des pertes matérielles importantes.
Détails du bilan mensuel
Au mois d’août 2025, 9 personnes ont péri dans des circonstances variées : incursions d’hommes armés, découvertes macabres et catastrophes naturelles. Durant le même mois, six maisons ont été incendiées par la population en colère, soupçonnant certains habitants de complicité avec des criminels. Les quartiers Bulengera et Mususa ont connu quatre incursions armées, au cours desquelles des sommes d’argent et des biens de valeur ont été emportés.
Cependant, la vigilance populaire a permis la capture de trois présumés bandits, remis ensuite aux services de sécurité.
En septembre 2025, dix nouvelles victimes ont été enregistrées, tandis qu’un autre cas d’incursion d’hommes armés a été signalé dans la ville.
Le mois d’octobre 2025 a été particulièrement meurtrier : douze personnes ont perdu la vie dans divers incidents, notamment des écroulements de murs, des assassinats, des noyades et des fusillades.
Le drame le plus marquant reste l’écroulement d’un mur à Vatolya, dans le quartier Mutiri, ayant causé la mort de six personnes.
Par ailleurs, une jeune fille a été emportée par les eaux de la rivière Kimemi, et un cas d’assassinat a été signalé en cellule Kavali, quartier Vighole, dans la commune de Mususa.
Appels et recommandations de la SOCICO
Face à cette insécurité persistante, la Société Civile du Congo, coordination urbaine de Butembo, formule plusieurs recommandations à l’intention des autorités et de la population :
1. Aux services de sécurité : renforcer les patrouilles dans les quatre communes, en ciblant prioritairement Bulengera et Mususa, devenues des foyers d’incursion. La SOCICO plaide pour des bouclages systématiques et stratégiques afin de retirer les armes illégalement détenues parmi la population.
2. À la population : instaurer des alertes communautaires et collaborer étroitement avec les forces de sécurité pour signaler tout cas suspect, afin de « mettre en déroute les ennemis de la paix ».
3. Aux autorités urbaines : interdire les constructions anarchiques sur des zones à risque, notamment près des rivières et canaux, afin d’éviter de nouveaux écroulements de murs durant cette saison pluvieuse.
4. Au conseil urbain de sécurité : trouver une solution urgente à la circulation d’armes à feu, devenue un facteur majeur de l’insécurité à Butembo.
Une ville sous tension, une société civile mobilisée
Le coordonnateur urbain de la SOCICO, Mumbere Thasi Célestin, appelle à une prise de conscience collective et à une action concertée entre autorités, services de sécurité et population civile pour restaurer la paix et la quiétude à Butembo.
« Cette hémorragie sécuritaire ne peut être stoppée que si chacun joue pleinement son rôle dans la protection de la vie et des biens », a déclaré Mumbere Thasi Célestin.
Contexte
Située dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, la ville de Butembo est régulièrement secouée par des incursions d’hommes armés et des phénomènes d’insécurité urbaine, sur fond de tensions économiques et sociales. La société civile locale reste l’un des principaux acteurs de veille citoyenne et de plaidoyer pour la sécurité des habitants.
Nzangura Kwavingiston