Dans son analyse sur les causes du sous-développement des nations africaines, Jean Paul Soko, acteur politique du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, estime que la question de la limitation des mandats présidentiels en Afrique soulève un débat crucial sur le développement du continent. Alors que plusieurs pays imposent des restrictions sur le nombre de mandats qu’un président peut exercer, cette approche semble souvent inadaptée aux réalités politiques et socio-économiques africaines.
En effet, cette limitation peut conduire à une instabilité politique et à un manque de vision à long terme, ce qui freine le développement durable. Jean Paul Soko propose aux Africains d’expérimenter une gouvernance basée sur des mandats à long terme au sommet des États africains, afin de leur permettre d’élaborer des projets pouvant aider ces États à décoller.
Prenant l’exemple de la Chine, il souligne qu’« sous la direction de Xi Jinping, qui est au pouvoir depuis 2012, le pays a su élaborer des projets ambitieux et durables, propulsant la Chine au rang de grande puissance mondiale. La continuité du leadership a permis de mettre en œuvre des réformes économiques audacieuses qui ont transformé le paysage économique chinois. Les dirigeants, en étant libérés des contraintes d’un mandat limité, peuvent se concentrer sur des stratégies à long terme, assurant ainsi la prospérité du pays. »
Un autre exemple éloquent cité par l’analyste est celui de la Russie. « Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 2000, ayant exercé ses fonctions en tant que président et Premier ministre. Son approche a permis d’instaurer une politique cohérente et stable qui a redressé l’économie russe après les crises des années 1990. Grâce à une gouvernance centralisée et à une vision stratégique claire, la Russie a su renforcer son influence sur la scène internationale. L’absence de limitations strictes sur les mandats a permis à Poutine d’appliquer des politiques continues et d’atteindre des objectifs stratégiques. »
Ainsi, l’approche adoptée par plusieurs pays africains face à la limitation des mandats semble souvent conduire à des résultats contraires. La recherche d’un renouvellement constant du leadership peut engendrer une instabilité politique, où les dirigeants se concentrent davantage sur leur survie politique que sur le développement durable de leurs nations. Les tensions sociales peuvent s’intensifier lorsque les gouvernements sont perçus comme déconnectés des besoins réels du peuple.
Néanmoins, l’expert souligne qu’il est important de respecter le choix du peuple. Organiser des élections régulières tous les 4, 5 ou 7 ans est essentiel pour maintenir la démocratie et la participation citoyenne. Toutefois, limiter le nombre de mandats qu’un président peut briguer peut priver un pays d’un leadership efficace et visionnaire, nécessaire pour naviguer vers un avenir meilleur.
L’Afrique doit repenser sa stratégie concernant la limitation des mandats présidentiels. Plutôt que d’imposer des restrictions rigides qui peuvent mener à l’instabilité, il serait plus judicieux d’encourager une gouvernance stable tout en respectant les choix démocratiques du peuple. Une telle stratégie pourrait ouvrir la voie à un développement durable et à une prospérité accrue pour les nations africaines, conclut cet acteur politique et analyste congolais, Jean Paul Soko.
Emmanuel Kasereka